HISTOIRE DES JOURNAUX EN BEARN
En tout premier lieu, il faut avoir à l'esprit que le désir de communiquer, de transmettre, de convaincre à de tout temps existé chez les hommes.
Longtemps, seule la parole permit ceci. Puis au gré des évolutions et des connaissances, prirent place l’art, l’écriture, et plus près de nous l’imprimerie et de nos jours les machines aptes à reproduire des textes à grande vitesse.
L’imprimerie servit d’abord à la reproduction des livres, souvent religieux, puis petit à petit, elle servit, à l’imprimé des textes officiels puis à l’écriture de journaux. Encore faut-il considérer qu’un journal se limitait le plus souvent a une ou deux pages.
Les premiers journaux, édités par les imprimeurs n’étaient le plus souvent qu’un feuillet permettant de faire connaître les actes officiels ou devant être portés a la connaissance d’une élite à défaut de tous. Le tout premier s’appela d’ailleurs « LA CIRCULAIRE DES PYRENEES »
Au début du 19èmesiècle, l’imprimeur Vignancour fut agréé par la préfecture et son premier journal fut le « JOURNAL DES PYRENEES », appelé peu après « LE MEMORIAL BEARNAIS ». Ce journal est devenu, en 1829 « LE MEMORIAL DES PYRENEES », Journal Royaliste.
En 1847, apparait une autre famille d’imprimeurs, la famille Veronèse qui publie « L’OBSERVATEUR DES PYRENEES », journal qui sert d'organe aux opinions radicales révolutionnaires et qui est aussi opposé au gouvernement du Roi , succédant au « MONTAGNARD DES PYRENEES ».
Dans leur taille et leur format, les deux journaux sont très près. Par contre, en matière de rédactionnel tout les différencie, aussi bien sur les aspects de politique extérieure, de l’enseignement, les questions économiques, que de libre échange
Peu de temps après, « LA CONSTITUTION » remplace « L’OBSERVATEUR DES PYRENEES, « journal politique, scientifique, littéraire industriel et d’annonces ».
En 1867, Emile Garet, avocat, fondera « L’INDEPENDANT DES PYRENEES » journal progressiste qui deviendra le grand quotidien républicain de gauche du département. Emile Garet se consacrera de plus en plus à la politique laissant la direction à son ami Octave Aubert, redoutable polémiste. En 1885, Emile Garet accueillera Louis Barthou parmi ses éditorialistes et l’initiera aux joutes politiques.
A la même période, 1867 la famille Vignancour, pensera à se consacrer à l’édition après avoir considérablement modernisé son affaire et à sa mort en 1873 il laissera sa veuve et le mari de sa fille adoptive P.O’Quin, s’occuper du « Mémorial des Pyrénées », tandis que de Louis de Joantho prenait les rênes du « Mémorial des Pyrénées » en 1877.
A la fin du XIXème siècle, « Le Mémorial des Pyrénées » déclina, victime des combats parlementaires de la séparation de l’Eglise et de l’Etat et de la nouvelle orientation de la hiérarchie catholique qui favorisa l’éclosion d’un nouveau journal « Le Patriote des Pyrénées » avec, à sa tête, l’abbé Pon, natif de Lées-Athas A la chute du « Mémorial des Pyrénées » en 1919 succéda la liquidation de l’imprimerie Vignancour rachetée par Eugène Marrimpouey et qui deviendra la Maison MARIMPOUEY.
Ce ne sont pas les seuls journaux qui paraissaient sur Pau, il s’agit du « JOURNAL DES ETRANGERS » tandis que « LAPETITE GIRONDE » était diffusée dans le Sud-Ouest, Devenu plus tard « SUD-OUEST », après la Libération en 1944. Il y eut aussi « Le Journal d’Agriculture Pratique des Basses Pyrénées » et « LE SILLON »
Après la Libération en 1944, ce fut un chamboulement dans la presse. Dans notre département ne subsistèrent pratiquement que deux journaux, « L’ECLAIR DES PYRENEES » et « LA IVème REPUBLIQUE » devenue plus tard « LA REPUBLIQUE des PYRENEES », accompagnés par « LE SUD-OUEST » grand journal régional imprimé à Bordeaux.
Ce compte rendu n’est qu’un court aperçu d’une conférence très documentée.
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En 1944, après la libération, le paysage de le presse fut bouleversé. M. Chantre nous transmis ce document qui montre bien le poids des tensions immédiatement après la libération. Nous vous le proposons in-extenso.
Les ordonnances de 1944 sur la liberté de la presse prises à la Libération ou un peu avant, sous la houlette de Pierre-Henri TEITGEN, visaient à organiser un nouveau système médiatique garantissant la liberté d'expression et un pluralisme de la presse après la guerre de 1939/1945, qui avait vu la quasi-totalité de la presse collaborer avec les Allemands: n'ont fait exception que les journaux qui ont cessé de paraître d'une part (comme "Le Progrès" après l'occupation de la "Zone Libre"), et les journaux clandestins de la Résistance, aux mains de la Résistance Intérieure Française d'autre part.
« La IVème République « organe unique de la Résistance dans les Basses-Pyrénées.
« En vertu d’une décision depuis longtemps arrêtée par le Comité Départemental de la Libération Nationale, ce journal est le seul qui soit présentement autorisé à paraître à Pau.
Le « Patriote », « l’Indépendant des Pyrénées » et « France-Pyrénées » sont suspendus. Trop serviles interprètes des volontés de l’ennemi et des passions partisanes « d’une clique de mauvais Français », ils ne pouvaient pas survivre une heure à la Libération du département.
D’autres journaux leur succèderont. Mais les titres déshonorés par la trahison, et les signatures couvertes de trop d’opprobre ne reparaîtront plus. Les misérables dont la plume n’a cessé de servir l’Anti-France sont ou seront déférés à la Justice républicaine.
En attendant que des quotidiens nouveaux prennent naissance par une réglementation toute récente, il importe que l’opinion soit informée.
D’où la création de cet organe qui a le caractère d’une publication officielle d’information et de propagande patriotique. Mais comme la République est un régime de liberté, comme rien ne serait plus contraire à son essence que le maintien d’un organe unique, interprète des volontés du pouvoir étable, il va de soit que ce journal disparaîtra dès que l’initiative privée aura mis à la disposition du public des moyens d’information et d’expression politique suffisantes.
Mais pour provisoire qu’il soit, cet organe ne se condamne à la neutre sécheresse d’un bulletin. La flamme patriotique de la Résistance doit l’animer tout entier. La foule des patriotes qui ont souffert sous l’oppression, les cohortes de jeunes hommes qui ont rallié les forces françaises de l’intérieur, celles des militants qui ont lutté dans la clandestinité doivent également ici la fidèle expression de leurs pensées et de leurs vœux. La France résistante qui est la France tout court doit se reconnaître dans notre esprit et parler par notre voix.
C’est pourquoi ce journal a choisi de s’appeler « La IVème République ». La France, la France résistante, veut en effet la République. Mais elle veut une République exempte des tares et des faiblesses qui ont perdu celle que nous avons connue. Elle veut une République rajeunie, saine et puissante. Une telle République ne peut naître que du laborieux et persévérant concours des volontés de tous les Français. Elle sera une œuvre de patience et de foi. Nous n’aurons d’autre ambition, ici, pendant la durée limitée de notre mission que d’y contribuer de notre mieux. »
C’est M. Ambroise Bordelongue (« Michel » dans la Résistance) qui prit la direction de cet organe, aidé par plusieurs chefs historiques de la Résistance départementale, M.Honoré Baradat (« Achille » dans la Résistance) entre autres.
Autorisée à paraître le 22 août 1944, le journal paraissait le 23 août sous le titre de la « IVème République des Pyrénées ».
« L’Eclair des Pyrénées » faisait son entrée dans les kiosques le 18 octobre 1944.
Rappelons que par département, trois journaux étaient autorisés à paraître : un de sensibilité de droite, un de sensibilité centriste, un de sensibilité de gauche.
C’est donc ainsi que dans les Basses-Pyrénées, « L’Eclair des Pyrénées » avec à sa tête la famille Loustalan et Lescher-Moutoué, la « IVème République des Pyrénées » avec M. Bordelongue, et « Sud-Ouest » journal bordelais et régional de la famille Lemoine supplantaient les anciens titres, « Le Patriote des Pyrénées », « L’Indépendant des Pyrénées », et « La « Petite Gironde ».
Un journal d’obédience communiste-trotskiste « L’Etincelle » était imprimé et diffusé dans les Basses-Pyrénées après l’arrivée des ministres communistes dans le gouvernement du Général de Gaulle. Ce journal très polémiste affidé au quotidien communiste parisien « Le Soir » avait un pamphlétaire régional Paul Hourdebaigt qui n’hésitait pas dans le commentaire abject et la provocation. « L’Etincelle » n’allait pas aller bien loin après l’éviction du gouvernement des mêmes ministres en 1947.
Lors de l’avènement de la « Vème République » en 1958, la direction du journal de « La IVème République des Pyrénées », ne cautionnant pas cette République et ayant pris position pour le non au référendum du 28 septembre 1958, suivant en cela les opinions négatives de MM. Mendès-France et François Mitterand prit en octobre le nom de « La République des Pyrénées ».
Dans les années 1980, le « Sud-Ouest » fort de sa grande surface financière, fera main basse sur « l’Eclair-Pyrénées » et « La République des Pyrénées ».
Ces deux journaux publient quasiment les mêmes articles hormis l’éditorial en page 2 qui demeure inspiré par un éditorialiste libéral pour le premier nommé et écrit par un éditorialiste de gauche pour le second.
M Serge Chantre est un retraité passionné d'histoire . Sur certains sujets il a écrit des articles parus dans les journaux locaux.
Il est aussi président de l'association JADE ( Jadis Aujourd'hui DEmain) Cette association remplit un fonction culturelle et de mémoire dans le secteur du VicqBilh