Voici un résumé de la Conférence que nous présentera Mme Véronique Lamazou-Duplan, maître de conférences en histoire du moyen âge à l'université de Pau,
"Gaston Fébus, histoire et représentations d'un prince entre ombre et lumière"
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Résumé :
Gaston Fébus a fortement marqué l'histoire de notre territoire. Révélé par les travaux de Pierre Tucoo-Chala, il suscite encore de multiples interrogations à la lumière d'une historiographie
renouvelée. Cette intervention propose de rappeler quelques faits marquants de son histoire et d'engager une réflexion sur les représentations voulues par ce prince ou qu'il a inspirées de son
vivant.
Présentation du programme et du livre Signé Fébus, dirigé par V. Lamazou-Duplan, dans Emergence(s) n°2, 2014, p.6.
TEXTE sur FEBUS ( pris sur internet)
De son vrai nom de vicomte Gaston III de Foix-Béarn , Fébus a laissé dans l'histoire le souvenir d'un personnage hors normes. Un peu mégalomane, Gaston III de Foix-Béarn s'est doté du qualificatif de Fébus (parfois écrit Phébus ou Phoébus ); équivalent d'Apollon , le dieu-soleil. Il a lutté toute sa vie durant dans l'espoir de voir réuni un grand royaume pyrénéen, de ses terres du Pays de Foix, jusqu'à la principauté de Béarn et a bien failli parvenir à ses fins.. Si le personnage en lui-même était discutable (despote) , ses qualités de grand stratège politique ont été éprouvées à maintes reprises. Jouant sur les alliances (et sur les mots) , elles lui ont permis de tenir tête autant au royaume d'Angleterre , maître de la Gascogne qu'au royaume de France.
Hormis la recherche forcenée d'expansion de ses terres, Fébus était passionné par la chasse et a d'ailleurs écrit un ouvrage qui a fait date et école, richement illustré. Son langage un peu ampoulé a laissé une expression dans le langage courant : "un discours à la Fébus". Toute sa vie durant, Gaston Fébus a été obsédé par l'argent, qui était le moyen d' accroître sa puissance militaire, tout en prenant la précaution de bâtir des forteresses défensives aux quatre coins du Béarn, dont l'élément le plus caractéristique était un immense donjon en briques. Cette quête d'argent était poussée à son extrême . C'est ainsi que Gastounet fourra son nez dans la moindre petite affaire béarnaise pour en retirer quelques liards. Sa mort résume sa vie: il est mort d'hydrocution le 2 août 1390, après (dit l'histoire légendée) une chasse à l'ours. Une journée d'autant plus arrosée que lou nousté Gastounet venait d'apprendre que son ennemi mortel , le comte Jean d'Armagnac venait de passer l'arme à gauche.
>> Véronique LAMAZOU-DUPLAN
>> Maître de conférences en Histoire médiévale.
>> Université de Pau et des Pays de l'Adour, UFR Lettres Langues
>> Sciences Humaines
>> Département d'Histoire.
>> Av. du doyen Poplawski BP1160 64013 Pau
>> Tel : 05 59 40 73 14 (secrétariat du département d'Histoire)
>>
http://dep-histoire-art.univ-pau.fr/live/Licence-histoire
Gaston Fébus
Ce beau nom de Fébus, il se l’attribua
Diplomate avisé, d’une grande prudence
Craint de tous ses voisins, même du Roi de France
Habile et redouté, tel était Gaston III
Mais le comte de Foix, néanmoins dévoila
Dans son comportement une rare violence
En renvoyant Agnès avec irrévérence
Et en tuant son fils de ses mains, de surcroit
Las d’être méprisé, le malheureux garçon
Entra dans le complot relatif au poison
C’est alors que Fébus commit l’acte insensé
Sa cour était brillante, il fallait un trouvère
Et s’il sut préserver son peuple de la guerre
Voilà pourquoi, parfois, on se prend à l’aimer
Jacqueline
FEBUS
Eth bèth nom de Febus , que’a causi, qu’y plaso
Diplomata acomplit, d’ua gran vigilancia
Qu’avèm met eths vesins, tanben eth rei de Francia
Avisat e drin fier, atau qu’ère Gaston,
Mes eth comte de Foix, qu’es desvelè pro léu
En son comportament inaudida violencia
Quan renviè ad Anhès dab tan d’irrevéréncia
Sustout , quan ath son hilh , un dia, aucido
Mesprésat per son pair, eth malhuros goujat
Ath complot que sabem qu’avè participat
Son sort infortunat, que’u planhem, bien segur
Sapient qu’èra Fébus, qu’èra tanben troubaire
De la guerra, eth son pople non soufri pas guaire
Qu’ei per’mou d’aquerro que l’aimam jo et tu
Jacqueline
Pris sur la publication Emergences de l'UPPA
Sous la direction de Véronique Lamazou-Duplan, du laboratoire ITEM, vingt auteurs se sont penchés sur les moyens de communication déployés par Gaston Fébus pour asseoir sa puissance et sa renommée. Ils publient les résultats de leurs recherches dans un très beau livre admirablement illustré : Signé Fébus, comte de Foix et prince de Béarn. Marques personnelles, écrits et pouvoir autour de Gaston Fébus.
Pierre Tucoo-Chala, spécialiste de l’histoire du Béarn, professeur honoraire en histoire médiévale à l’UPPA, a mené un immense travail sur la vie et l’œuvre de Gaston III, comte de Foix, vicomte de Béarn, surnommé Fébus. Grâce à lui, nous avons découvert la complexité d’un des plus captivants princes du XIVe siècle, qui hérita du pouvoir en 1343 à l’âge de 12 ans, tout à la fois amoureux de la politique, des arts, des lettres et de la chasse. En pleine guerre de Cent Ans, à la tête d’un vaste et puissant domaine morcelé et éparpillé le long des Pyrénées, ce fin diplomate fit preuve d’une grande habileté pour maintenir non seulement son territoire à l’écart du conflit dévastateur entre la France et l’Angleterre, mais aussi étendre son influence sur de nouvelles terres, s’enrichir et même revendiquer une autonomie singulière au sein du Royaume de France. Un travail pluridisciplinaire Véronique Lamazou-Duplan est maître de conférences en histoire médiévale et chercheuse au laboratoire Identités territoires expressions mobilités de l’UPPA. Elle s’intéresse depuis longtemps à ce célèbre béarnais, notamment à travers les écrits de l’historien Jean Froissart, accueilli à la cour de Gaston Fébus en 1388-1389. En 2012, à l’occasion de l’exposition Gaston Fébus, Prince Soleil, organisée conjointement par le musée national du château de Pau et le musée de Cluny, elle évoque avec Ghislain Brunel, archivistepaléographe et directeur des publics aux Archives nationales, les caractéristiques étonnantes de la signature ‘’Fébus’’ jamais étudiées jusque-là. « Fébus est le seul à signer de son surnom et non de son nom de baptême ‘’Gaston’’, remarque-t-elle, et l’un des tous premiers à apposer une signature, une marque personnelle, accompagnée d’une curieuse graphie. » L’idée d’un programme collectif destiné à étudier sa signature et l’ensemble des marques personnelles de Fébus, naît ce jour là. Un programme de recherche de deux ans, soutenu par les conseils généraux des Pyrénées-Atlantiques et de l’Ariège, est dirigé par Véronique Lamazou-Duplan qui contacte une vingtaine de chercheurs, chacun spécialiste dans son domaine : l’enluminure, la numismatique, l’architecture médiévale, les relations entre texte et musique, la sigillographie, l’héraldique, sans oublier les approches d’historiens des textes et des documents d’archives. Leurs résultats sont aujourd’hui rassemblés dans un magnifique livre de 224 pages, accompagné d’une iconographie riche et parfois inédite, destiné aux chercheurs mais aussi au grand public. L’art de communiquer L’ouvrage, en vente en librairie, invite le lecteur à porter un autre regard sur un prince à la personnalité ambivalente qui a sans cesse œuvré pour forger sa propre renommée, allant jusqu’à choisir lui-même un surnom emblématique tout à sa gloire, Fébus, sans doute en écho à Phoebos, le Dieu du soleil, mais aussi de la poésie, de la musique... Un surnom qu’il intègre à son cri de guerre (Febus avant !), appose sur ses manuscrits et fait graver sur ses florins d’or (Febus comes) ou dans la pierre de ses châteaux (Febus me fe).