En général, nos comptes rendus de nos conférences sont plus courts, mais M. Laborde Balen , nous a communiqué ce texte, et nous n'avons pas voulu le réduire.
En fait pour ce personnage à la fois historique, comme le montre les faits, et aussi légendaire puisque l'on ne connait pas tous les détails de sa vie, ce texte vous permettra de mieux le connaître.
Voici le texte , écrit
par:
Louis LABORDE-BALEN
résumé pour
publication sur le site de Partage et Culture en Aspe
Pierre Loustaunau, berger d’Aydius, général des Indes et maître de forges à Urdos (1754-1841)
Invité à Accous le samedi 30 mai 2015 par "Partage et Culture en Aspe", j’ai eu le plaisir d’évoquer le souvenir du grand Aspois que fut Pierre Loustaunau, mais aussi, auparavant, de rendre hommage au souvenir d’un autre Aspois, Lucien Labarère, son historien.
Les recherches de Lucien Labarère
Né à Bruges en 1906, mort à Ciboure où il s’était retiré, Lucien Labarère, capitaine de vaisseau de la marine nationale, avait navigué sur tous les océans du monde, la Vallée d'Aspe restant son port d'attache. Sur le tard, Béarnais de Paris, il écumait, non plus les mers, mais les archives nationales, angliciste, il avait aussi accès à celles de l’Amirauté britannique à Londres. Cela lui permit de révéler, de 1972 à 1978 les multiples liens qui existèrent au XIIe siècle entre la Vallée d’Aspe et la Cour d’Angleterre, alors maîtresse de l’Aquitaine qu’il publia sous le pseudonyme de L. Debaix, dans les Annales de Sarrance, et la revue Pyrénées,. Il se pencha également sur l’histoire du “Fort du Portalet” et surtout, en 1984, aborda la saga de “Pierre de Laclède-Liguest, fondateur de Saint-Louis, Missouri, en 1764 “.
Entre temps, il s’était plongé dans l'extraordinaire aventure, à la jonction des XVIIIe et XIXe siècles, de “Pierre Loustaunau, berger d'Aydius, général des Indes,” Le personnage n’était pas inconnu, mais on en avait une vision surtout légendaire. à travers des témoignages épars .restaient épars. Lucien Labarère étaya ces indices une patiente recherche, épluchant l’état-civil d’Aydius, les navigations à Bordeaux, des contrats aux Indes, et à Tarbes, les registres des consuls en Syrie, et découvrant ainsi nombre de documents qui, sans jamais la contredire, étayaient la légende. J’ai eu la chance d’être, fin 1969, l’un des premiers lecteurs de son gros dossier encore à l’état brut et de pouvoir en tirer. un récit paru en feuilleton sous notre double signature. dans le journal Sud-Ouest la vie de “Pierre Loustaunau, le maharadjah d’Aydius” illustrée par Nay, Maurice Triep-Capdeville, futur maire de Nay. Vingt ans plus tard, un l’éditeur palois me suggéra d’en tirer un livre. Lucien Labarrère n’était plus là. Mais, retraité, j’avais le loisir de fouiller moi-même dans les archives régionales De Paris, Jean-Paul Labarrère, fils de l’historien aspois, en littérature Yan Prat, eut la gentillesse de retrouver le parcours militaire des fils de Loustaunau. La vie de “Pierre Loustaunau, Berger des Pyrénées; Général des Indes” put alors paraître chez de Faucompret. Elle vient d’être rééditée chez Cairn.
Après ce préambules qui en toute justice m’a paru nécessaire , venons-en à la vie de notre héros.
Le berger d’Aydius
Pierre Loustaunau est né et baptisé le 16 août 1754. Ses parents, âgés d’environ 35 ans, modestes paysans, s’appelaient lors de leurs noces, neuf ans plus tôt, Martin Latourette et Marie Bergès. S’ils sont nommés ensuite Loustaunau, c’est sans doute en raison la maison qu’ils habitaient. Pierre est le cinquième enfant, mais les trois aînés meurent jeunes, et sa sœur Madeleine, d’un an plus âgée, s’éteint elle-même alors qu’il a 17 ans, ce qui le laisse seul héritier. Ce n’est donc plus une condition de cadet qui peut le pousser à l’émigration ; mais sans doute y avait-t-il songé auparavant.
Participa-t-il, entre ses quinze et ses vingt ans, comme nous l’avons supposé à la suite de Yan Priat auteur “La main d’argent”, aux grands travaux de la mâture, qui dureront jusqu’en 1780 ? C’est possible, mais rien ne le prouve. Son départ pour Bordeaux puis vers les Indes parait en revanche certain. L’historien Roger Dupierris a montré que la communauté d‘Aydius élisait alors chaque année des jurats et des employés communaux dont un “gardien des chèvres” Mais ce n’est pas à ce titre, que Loutaunau, sur ses vingt ans, pourra partir. En 1776, le gardien des chèvres est François Casnoube, dit Pacq. De plus, la transhumance n’est pas dans ses attributions. Elle devait être l’affaire de chaque famille. Pour les riches maisons possédant vaches et brebis, c’était un fils ou un oncle cadet qui les conduisait vers le piémont. Mais les familles n’ayant qu’une ou quelques chèvres (la vache du pauvre) devaient bien être forcées de s’entendre et de trouver, un gardien commun. Pierre Loustaunau fut certainement celui-là. Sinon, l’on ne voit pas l’intérêt qu’il aurait pù avoir, par la suite à s’accuser d’un abus de confiance,.
L’embarquement à Bordeaux
Le voici donc à Bordeaux, deux années de suite, en 1775 et 1776. faisant brouter ses chèvres dans les campagnes proches , puis les menant dans les rue de la ville en criant comme tant d’autres : “Leyt de crabe, qui en booù ?” .. Un marin rencontré sur les quais de la Gironde le tente de partir avec lui pour les Indes. Il vend les chèvres dont il avait la garde pour constituer son pécule et s’embarque le 17 novembre 1776 à bord du vaisseau “Le Sartines”, armé par Lafond de Labedat, commandé par le capitaine le Coronat, en partance pour les Indes. Embarqué comme mousse, Loustaunau ne tarde pas à être embauché comme valet et secrétaire par un passager , le Chevalier de Saint Lubin.. Qu’il sache écrire va de soi. On connait le fort taux d’alphabétisation des garçons en Aspe. Son père avait lui-même signé de sa main “Martin” sur le registre de baptême, et son parrain Gradiou était le “régent” du village,.
Après de cinq mois de navigation autour de l’Afrique, le Sartines accoste le 11 avril 1777 au port de Chaoul près de Bombay en territoire Mahratte. Les Mahrattes sont une confédération de tribus brahmaniques peu favorables aux Anglais, plutôt alliés du Grand Mogol, empereur musulman du Bassin du Gange, d’où le souci du royaume de France de leur apporter des aides et des armes.
Depuis le Traité de Paris en 1763, la France ne conserve plus aux Indes que les cinq comptoirs naguère récités par le écoliers : Pondichéry, Chandernagor, Yanaon, Mahé et Karikal. Mais elle continue à mener contre les Anglais qui dominent le pays, une lutte d’influences. Et une nouvelle guerre franco-anglaise va éclater en 1778.
Le vaisseau Le Sartines, arrive aux Indes avec un chargement d’armes et le sieur Pallebot de Saint-Lubin est agent double (et trouble) mentionné parmi les “Aventuriers aux Indes “ de Maurice Besson .Ayant déjà séjourné aux Indes et a eu, avant le départ, un entretien avec le ministre de Sartines. Sitôt débarqué; il prend l’initiative d’une ambassade auprès des Mahrattes et pour les impressionner, constitue une escorte d’apparat avec l’équipage du bateau, “turquerie” qui amuse beaucoup son secrétaire Loustaunau. Mais Saint-Lubin va trop loin : il s’approprie aussi pour faire des présents à ses hôtes des biens que l’armateur comptait revendre. Son délégué à bord, le subrécargue, veut intervenir. Les Mahrattes l’emprisonnent comme un trublion. Saint-Lubin, voyant les choses mal tourner, s’est enfui sans demander son reste ; il connait bien le pays. Voilà donc notre Loustaunau sans navire et sans emploi.
Heureusement pour lui, un diplomate français, M de Montigny, présents aux Indes, ayant eu vent de l’affaire, le 30 juillet 1778 dans les parages. Loustaunau se présente à lui, et lui fait un récit si plaisant de “la turquerie” que Montigny, à son tour, le prend à son service. C’est donc à ses côtés que le berger d’Aydius fait une deuxième entrée à la cour de Poona, Son patron le présente au prince Scindiah qui, bientôt, prend lui-même le Béarnais à son service.
Les souverains indiens sont souvent en guerre les uns contre les autres, Tous ont des armées, constituées de “partis” souvent dirigés par des aventuriers européens, exercés dans l’art de la guerre, Ainsi dans le camp de Scindiah, le Portugais de Norogne, neveu d’un évêque, commande 800 hommes. Assistant à un défilé de ces troupes, avec leurs uniformes et leurs éléphants, Pierre Loustaunau sent naître en lui une vocation de guerrier. Montigny consent à lui donner une lettre de recommandation auprès de Norogne.
Cela tombe bien. Les hostilités s’ouvrent entre Scindiah et son rival, un autre Mahratte le prince Ragoba, armé par les Anglais Les soldats de Scindiah ont encerclé l’adversaire, mais ceux -cid fortifiés sur une hauteur, résistent bien avec leur artillerie. Loustaunau remarque une autre éminence voisine et propose à Norogne d’y percher ses propres canons. Le Portugais prend mal cette remarque d’un jeune civil ; mais elle est rapportée par un officier mahratte, au Prince..-”En somme, dit Scindiah, ce Français ne veut pas d’argent, mais seulement des canons? - Donnez-les lui, avec mes meilleurs canonniers.” - Loustaunau met en place les canons. La bataille est gagnée et c’est pour lui le début d’une fulgurante carrière.
Le général à la main d’argent
Le Prince Scindia, qui, lui offre une bourse d’or, un cheval, un sabre symbolique, et lui propose de commander une de ses armées. Loustaunau hésite d’abord, mais Montigny, à court d’argent, quittant l’Inde. il finit par accepter; il lève un “parti ” de 2000 hommes, faisant de la tribu des Rouillas, dont il a vu la bravoure, sa garde d’honneur. Les Anglais envoient contre les Mahrattes de Poona un corps de 5000 Cipayes. Scindia, furieux, veut faire attacher à la bouche de canons, deux officiers britanniques prisonniers. mais Loustaunau le faire renoncer à cette mesure inhumaine. et plus tard, ce geste, et quelques autres, lui vaudront une certaine tolérance de la part des Anglais.
À la bataille de Chassipachner, le 16 janvier 1780 une charge de Loustaunau à la tête de ses Rouillas permet une nouvelle victoire Mahratte. Le chef aspois y a perdu une partie de la main gauche emportée par la mitraille. Mais un orfèvre hindou réussit à ciseler pour lui une prothèse et il sera désormais connu comme “le chef invincible à la main d’argent”. En outre Scindia lui offre, à Agra , à cent kilomètres de Dehli, un véritable palais où il peut loger ses troupes, cent cinquante chevaux et trente éléphants de combat.
L’année 1782 est celle de la dernière tentative française de conquête des Indes. avec le Bailly de Suffren et le marquis de Bussy, tous deux âgés. Elle échoue. Le 14 novembre 1783, le Traité de Versailles laisse définitivement l’Inde à l’Angleterre, la France ne conservant que ses fameux cinq comptoirs . Cette période guerrière aura attiré de nouveaux mercenaires français, dont le fameux Le Borgne, qui se fera bientôt appeler de Boigne, plus tard rival de Loustaunau, pour l’heure, son allié.
En 1784, aidé des Anglaises le rajah de God à s’empare de la forteresse de Gwalior; Loustaunau, avec ses Rouillas et trois mille Mogols, la reprend le 30 juillet. Blessé u à l’épaule, il est cette fois proclamé “Lion de l’État et tigre de la guerre”
Marié et père de famille
Profitant de la paix revenue, il épouse une jolie “créole” de 17 ans, fille d’un officier et d’une française établie aux Indes, Marie -Suzanne Poulet, e 16 mai 1785, elle lui donne, à Delhi, son premier enfant, une fille, prénommée Madeleine, La même année, Gulam Kadir, sultan musulman de Lahore, (aujourd’hui au Pakistan) déclare la guerre aux Mahrattes. Elle sera longue et parfois indécise. Loustaunau qui est encore intervenu pour sauver des prisonniers menacés est maintenant passé au service d’un autre chef mahratte, Ranjit Singh, rajah des Jath. Dans un ultime épisode, Guam Kadir, dont les cruautés ont fit l’unanimité contre lui est vaincu et décapité le 18 juin 1788 à la bataille de Chapsana. Loustaunau a pu mettre la main sur le trésor du sultan et va le conserver.
Fortune faite
“Il a mangé la grenouille” écrit un mémorialiste. . En fait, son comportement s’explique .Il y a douze ans qu’il guerroie et il a le droit d’être fatigué, d’autant que ses rivaux, comme de Boigne, montent en gloire. Et le 16 septembre, en son palais d’Accra, Marie Loustaunau donne le jour à un deuxième bébé, un garçon, cette fois, prénommé Jean-Baptiste. L’humanité dont il a plusieurs fois fait preuve vis à vis de ses adversaires lui assure un accueil courtois en zone anglaise. Il y restera six ans. Des pièces d’un “procès Loustaunau contre Fortier”, indiquent qu’il a vendu son palais et s’adonne au commerce. Il aurait retrouvé à Chandernagor son protecteur de Montigny, mais celui-ci est destitué en 1790 par le Comité révolutionnaire de la colonie. Notre Aspois se replie à Calcutta, et prépare son voyage retour vers la France, cependant que naît en 1792 son troisième enfant, une fille, Marie-Zoé. Il peut bientôt s’embarquer avec sa femme, leurs trois enfants, une servante nommée “jolie-fille”, et sa belle-mère, Élisabeth de Bellefleur, veuve Omar-Poulet.
Châtelain en Bigorre
La famille débarque à Marseille début 1793, alors que Louis XVI est décapité Et Loustaunau voit ses roupies converties en 200.000 francs d’assignats en papier. Il lui reste heureusement diamants et pierres précieuses. Prudemment, il met pied à terre, à Tarbes, rue de la Cité, (aujourd’hui rue de la Victoire) et c’est là que la petite Marie-Françoise-Zoé est déclarée à l’état-civil. Loustaunau s’empresse de transformer ses assignats en bien foncier, en achetant le ler février 1793 le château de Lacassagne et ses 200 ha au nord de la ville au ci-devant de Castelbajac, qui, veut payer ses dettes et se faire oublier.
C’est là , selon l’état-civil, que le 4 floréal an IV (13 avril 1794) “la citoyenne Jolie-Fille, noire indienne restante chez le citoyen Pierre Loustaunau est accouchée d’un enfant mâle auquel on a donné le prénom de Guillaume”. Peut-être ne faut-il pas chercher loin le “père inconnu” ? Mais en l’absence de tout autre document, restons prudents.
D’autres enfants, légitimes ceux-ci, vont bientôt grandir au château : Marianne, ou Marie-Anne, née le 4 floréal an IV (7 avril 1795), Jean Pierre né le 3 pluviôse an X (25 janvier 1802).
En 1801, Loustaunau se rend à Paris pour inscrire son aîné, Jean-Baptiste, qui a 14 ans, au Lycée impérial. En1799 puis en 1801 il écrit à Bonaparte pour lui proposer un plan détaillé de reconquête des Indes, mais sans réponse. Il ne reste à Loustaunau que les affaires.
Le 18 février 1801 il revend le domaine de Lacassagne, cette fois en bonne monnaie, au préfet Bertrand Lannes, frère du maréchal. Puis le 26 février 1802) , dans l’étude de Me Desberts, notaire tarbais, il achète, au nom de son épouse, à Daniel Guichard une part de “Ferreries d’Urdos”. Il s’agit des Forges, dénommées par la suite Forges d’Abel,
Le maître de forges
L’ancien chevrier ne peut pas remettre les pieds en Aspe sans quelques précautions. C’est à Pau qu’il achète pour pied à terre la maison voisine de l’actuel Hôtel de Ville. Puis il va indemniser les petits propriétaires d’Aydius qu’il avait jadis dépouillés de leurs chèvres. Il se serait présenté à l’entrée du village en homme de loi chargé d’une mission par un ancien berger pour remettre aux victimes un sac d’or et c’est alors seulement que dévoilant son identité, il aurait lancé “Adiù Aydius, nou-m bédéras plus jamey” (Adieu Aydius, tu ne me reverras plus). Aucun document n’atteste cet épisode. M. Dupierris l’estimait pure légende. Au contraire, Lucien Labarrère pensait avoir recueilli un témoignage crédible de la part d’un habitant, M Loustau, descendant d’un Manauthon, adjoint au maire de l’époque,.
Voici donc Loustaunau Maître de Forges. À la place des traditionnelles forges catalanes, il édifie le premier haut-fourneau des Pyrénées et embauche une cinquantaine d’ouvriers dont des Basques et des Espagnols, et bâtit des logements pour eux. Utilisant comme combustible le bois des forêts d’Etsaut, et comme minerai les “pierres noires” ferrugineuses de Peyranère, il va pendant trois ans produire fonte et acier.
Cependant une série de malheurs vont s’abattre sur lui. Le 1er juillet 1805 meurt à Tarbes sa fille Marie-Françoise-Zoé. La maman, son épouse, la rejoint dans la tombe le 21 septembre .
Dans le même temps, Loustaunau semble avoir perdu sa fortune, car les filles de l’ancien châtelain seront plus tard déclarées “indigentes”. La rentabilité des Forges était doute décevante et un long procès l’a opposé à l’Oloronais Jacques Fourcade, son commis, qu’il a licencié pour absence. Le 1er novembre 1806 devant Me Pourilhon, notaire impérial à Sarrance, il signe un contrat avec un associé, M. Feytout qui, en fait, percevra les deux-tiers des bénéfices.
Seule bonne nouvelle en début d’été 1808 : son fils aîné est nommé sous-lieutenant et sera même bientôt promu lieutenant, au combat, en Espagne. Mais cela, son père ne le saura pas, car, ultime malheur, le 27 octobre 1808 un raid des guérilleros espagnols incendie et détruit les Forges. On ne retrouve de lui que son cheval, et on le croit mort. Il a seulement disparu.
Le prisonnier des Barbaresques
La période qui suit, de 1808 à 1812, est la plus obscure de toutes. Selon son récit, Loustaunau, errant à demi fou , est fait prisonnier par les Espagnols et conduit à Mahon, aux Baléares. Là, la ci-devant Duchesse d’Orléans, qui voyage à bord d’un brick anglais, lui donne quelque secours qui lui permettent de s’embarquer vers l’Égypte Mais son navire est capturé par des pirates, et le voilà en Algérie; esclave des Barbaresques. Au bout de trois ans, il s’évade vers Alexandrie puis gagne en Syrie Saint-Jean d’Acre pensant se joindre à une caravane vers l’Asie. Mais sa raison a vacillé, il ne trouve point de caravane, il a dû pour survivre vendre sa main d’argent ; il erre, son moignon enveloppé d’un chiffon rouge, prophétisant, bible en main, et recueillant des aumônes. Un résident européen le prend en pitié. et obtient pour lui un poste de surveillant des jardins de Haiffa.
L’ami de la Châtelaine du Liban
Dernière chance de sa vie : l’aventurière anglaise Lady Hester Stanhope, prototype de “la Châtelaine du Liban” est séduite par ses récits merveilleux. Elle envoie un jour, par l’intermédiaire d’un commerçant de Marseille, 1.000 frs à la famille Loustaunau restée à Tarbes. Bientôt Jean Baptiste Loustaunau, brillant capitaine sous l’Empire mais demi-solde sous la Restauration le rejoint. Il débarque le 3 janvier 1820 à Saïda où arrivée est notée par le consul. L’Anglaise aux 44 printemps s’éprend de ce beau soldat de 32 ans. Mais, hélas, le 18 août 1820, Jean-Baptiste Loutaunau meurt chez lady Stanhope. On ne saura jamais si c’est de maladie ou de poison.
La fin du héros et de sa lignée
Désormais, les traces de Pierre Loustaunau se font rares. En 1838, une correspondance de Lady Stanhope et du Dr Meryon indique que “le prophète vit confortablement dans sa nouvelle maison”. Mais elle-même expire de tuberculose l’année suivante le 11 mars 1839.
En 1840, Ferdinand Perrier, aide de camp de Soliman Pacha en Égypte, regagnant la France et passant par Saïda, décrit ce “vieillard extrêmement remarquable qui se tient à la porte de l’hospice français, à la physionomie toujours noble ,à la main gauche mutilée (…)” dont il recueille le récit;
C’est la dernière vision que l’on ait de Pierre Loustaunau. Il avait 86 ans On suppose qu’il est mort peu après.
Quant à ses autres enfants, Anne et Marianne Loustaunau, toutes deux institutrices sont mortes célibataires. Jean-Pierre Loustaunau, né le 25 janvier 1802, officier d’administration, est mort en Algérie à 55 ans. Il était marié, mais sans enfants Aucun des quatre enfants survivants n’aura donc eu de descendance connue et légitime. Une incertitude demeure sur une concertiste de la deuxième moitié du XIXe qui se selon un journal présentait comme “la petite fille du général des Indes”. On ignore tout d’elle.’
LE CONFERENCIER
Louis Laborde-Balen
Né en 1923 à Lescar, en Béarn, longtemps journaliste dans le groupe Sud-Ouest, puis Rédacteur en Chef de Pyrénées-Presse à Pau. A participé à la naissance des sentiers balisés dans les Pyrénées-Atlantiques et notamment à la création du GR 653 (chemin d’Arles). Consacre, depuis 1983, sa retraite à l’écriture, principalement dans des domaines touchant le pyrénéisme, l’histoire du Béarn, la langue béarnaise, la randonnée et les chemins de Saint-Jacques.
Veuf, trois enfants, cinq petits-enfants. Membre de l’Académie de Béarn, et de l’Académie des Vallées.
Membre du Comité de rédaction, contributeur à “Pyrénées” depuis 1965.
Bibliographie
Le livre d’Or du Jambon de Bayonne. Ed. Cerpic, 1991 Somport, des Romains au Tunnel. Éditions J & D (Atlantica), 1996 (Épuisé) Pierre Loustaunau, Berger d’Aydius, Général des Indes. Éd. de Faucompret , 1999 (Épuisé). Le Guide du Béarn. Éd. - La Manufacture 1993 / La Renaissance du Livre 1999. (Épuisé). Aüssaü, mas amourettes, regards sur la Vallée d’Ossau, avec aquarelles de Bernard Martin-Laprade. Éd. Librairie de Gascogne, Pau 2001. Index de 20 ans du Bulletin des Amis des Archives de Pyrénées Atlantiques. (2002) Aquères Mountanhes, regards sur la Vallée d’Aspe, avec aquarelles de Bernard Martin-Laprade. Éd. Librairie de Gascogne, Pau 2003. Pierre Loustaunau Berger des Pyrénées Général des Indes, 2em édition, Éditions Cairn 2012, 160x240, 160 p.
En
collaboration : Vallée
d’Aspe promenades et randonnées. (avec Alain Leclère) Ed. Cépaduès 1984 (Épuisé). Le
Chemin de Saint-Jacques en Espagne. (avec Rob Day et Georges Véron)
Rando-Editions 1986, réédité.et mis à jour. Le
Chemin d’Arles vers Saint-Jacques de Compostelle. (avec Rob Day)
Rando-Editions , 1990, réédité et mis à jour. Le
Chemin de Saint- Jacques du Puy-en-Velay à Roncevaux. (avec Rob Day) Rando-Editions / FFRP, 1992, réédité et mis à jour.
Autres collaborations : Guide Bleu Aquitaine. (Hachette-) Grand Guide des Pyrénées. (Milan) Dictionnaire Encyclopédique des Pyrénées. (Privat) Revue “Pyrénées”, “Revue de Pau et du Béarn” “Le Bourdon des Amis de Saint-Jacques”, les “Guides du Bourdon”, le Bulletin de l’Académie des Vallées pyrénéennes”. et diverses revues ou ouvrages collectifs.
précisions sur la conférence ( a venir)