Au temps des poilus, en vallée d’Aspe..
Dany Barraud nous a présenté ce sujet sous trois aspects
Le retour des soldats après 1918
Le train est arrivé à Bedous le 21 avril… et c’était une fête..
Qu’était la vallée ?
Le canton était essentiellement à vocation agricole. Il y avait à l’époque 30.000 brebis, 4000 bovins, 2000 chevaux, ânes ou mulets et 2300 porcs et seulement 6 % de terres ensemencées
Ceci pour une population de 8.000 habitants au début du 20èmesiècle. En 1914, cette population était gonflée par la présence d’ouvriers espagnols, venus chez nous pour la construction de la voie ferrée Pau-Canfranc. Cette population supplémentaire, essentiellement composée d’hommes impactait fortement le mode de vie de la vallée
Dans les villages de la vallée, la vie s’était bien organisée et ils étaient pratiquement tous des activités commerciales ou de services correspondant à la vie de l’époque
La vie politique aussi était forte. Louis Barthou, député et ministre, en était le chef de file, et le conseiller général, M. Carles lui apportait tout son soutien et son aide.
L’école et la formation était aussi très marquée par la préparation des hommes à la guerre, que ce soit idéologiquement par la presse et la volonté de revanche de 1870 , mais aussi par l’objectif de quelques associations qui proposaient des activités de marche ou de tir
La vallée était alors un énorme chantier, avec la construction de la voie ferrée. Elle a été portée par Louis Barthou. Encore aujourd’hui, les ponts et ouvrages d’art soulèvent l’admiration. Vont-ils bientôt retrouver une vie ?
Le premier août 1914 est une date fatidique. La mobilisation est proclamée partout dans le pays. Les hommes de la vallée doivent tous se rendre dans les lieux de mobilisation qui figure sur leur livret militaire. Le train arrivé à Bedous en avril, emportera les hommes de la vallée les premiers jours d’août. Toute une série de portraits retrace ce qu’a été « leur » guerre. Vous en verrez quelques-uns dans les photos qui suivent ce texte.
La guerre n’a pas été seulement celle du front, même si c’est celle qui a été la plus douloureuse.
D’abord, dans les familles, pour la plupart agricultrices, c’est la main d’œuvre qui est partie. Les femmes et les hommes plus âgés sont restés là ont du s’organiser et prendre en main les exploitations et les estives, utilisant parfois la main d’œuvre locale ou encore celle qui était venue d’Espagne pour la construction de la voie ferrée.
Deux adaptations fortes ont marqué cette période :
D’abord l’ancien collège d’Oloron est transformé en Hôpital pour les soins aux blessés, sous la responsabilité de M. Edmond Dornon. Il faut noter que des infirmiers et infirmières sont alors venus de l’Indochine, pour compléter le personnel local.
Ensuite l’usine d’obus mise en route à Cette-Eygun, Elle utilisait la main d’œuvre espagnole venue d’abord pour la construction de la voie ferrée. Les obus étaient ensuite transportés jusqu’à Bedous, d’où ils étaient acheminés vers le front par la voie ferrée tout juste ouverte..
La fin de la guerre fut pour tous un soulagement. Cependant le retour fut, selon les maisons, plus difficile.
Au-delà des familles touchées par les décès, la marque restait indélébile.
Ce n’était pas cependant la fin des difficultés, car bon nombre de ceux qui sont revenus, étaient marqués dans leurs corps, infirmes ou encore malades.
Il y eut aussi d’autres cas difficiles, ou les « maisons » s’étaient organisées en l’absence de celui qui était parti parfois depuis près de 8 ans entre service militaire et guerre. Chacun avait donc pris ses habitudes et des responsabilités… et celui qui revenait, certes auréolé de la victoire, pouvait être perçu comme un nouvel intrus, bousculant un ordre établi.
Ceci n’est qu’un court résumé. Pour en savoir davantage référez-vous a deux livres,
Vallée d’Aspe, les 365 poilus morts en 1914-1918, Co-écrit par Dany Barraud, Anne Marie Garaig et Madeleine Lacau, publié aux éditions Monhélios
C'est d'ailleurs sur ces deux ouvrages que s'est appuyé M Dany Barraud pour présenter sa conférence