Cette conférence a été un plaisir pour les participants, tant le conférencier est saisi par le sujet, et, à certains moments ému lui-même car dans les siffleurs figuraient son père et ses amis.
Parler des siffleurs ne peut se faire que si l’on situe le cadre de vie de cette époque. René Arripe a d’abord présenté la démographie dans la vallée d’OSSAU et l’évolution du nombre des feux à Aas, Laruns, et quelque autres villages, ou, encore la place du pastoralisme et de la transhumance dans la vie du village
Il existe un document important, c’est un tableau gravé, qui se trouve à Bielle, et qui indique le nombre de feux de chaque village en 1030. Aujourd’hui ce tableau sert encore de base à la répartition des redevances perçues par le syndicat du Haut-Ossau sur les terres du Pont-Long.
Comprendre la vie des siffleurs, c’est aussi regarder le contexte de ce métier de berger, à une époque où il n’existait d’autre moyen de communication que la voix, et que celle-ci avait une portée faible par rapport aux distances dans les montagnes où pâturait les troupeaux.
Ainsi est né le langage des siffleurs, venu d’une nécessité de communiquer à distance, permettant ainsi d’économiser sur la peine des trajets en montagne. C’est un langage très simplifié, ne permettant de traiter que le quotidien utilitaire des siffleurs.
Ce n’était pas la langue des sentiments, ou de la culture.
Cette langue était restée inconnue jusqu’en 1959, ou des scientifiques, lors d’une conférence, ont parlé de siffleurs dans des régions du monde telles que Gamera dans les Canaries, au Mexique ou encore en Turquie. Heureusement, l’un des auditeurs, le professeur René Guy BUSNEL, fit le lien avec ce qu’il connaissait à Aas pour y avoir vécu et c’est ainsi que fut connue cette richesse locale. En effet les siffleurs considéraient cette pratique comme un moyen de communiquer entre eux et n’imaginaient pas que ce soit une spécificité très forte et unique en Europe, capable d’intéresser les scientifiques.
Aujourd’hui les siffleurs se sont tus. Avant qu’ils aient tous disparus René ARRIPE a pu en filmer et enregistrer quelques-uns, dont son père et conserver ainsi une trace Car cette langue n’a pas de trace écrite. Elle a été « victime » des moyens de communication plus modernes qui ont rendu cette langue sifflée inutile ou dépassée. Elle est considérée comme un langage vestigial par les spécialistes.
Il n’en reste pas moins que les siffleurs d’AAS ont écrit une belle page de la vie de la vallée d’OSSAU et de leur village.
Tout ceci, et bien plus, figure dans le livre de René Arripe : Les siffleurs d’AAS. C’est en même temps l’histoire du village et l’image de la vallée d’OSSAU, écrite par un passionné et remarquable conteur, de sa terre natale.