Agrégé d'histoire et de géographie, enseignant à Tarbes, José Cubero est aujourd'hui retraité.
Il s’intéresse aux périodes de rupture, aux mentalités,
à la confrontation de cultures.
La révolte de Bernard d'Audijos
En avril 1664, éclate en Gascogne l'une des plus grandes insurrections antifiscales de l'histoire de France. Au nom du roi, financiers et nouveaux fermiers prétendent établir la gabelle, impôt sur le sel abhorré, et dont jusque-là cette province est exemptée. Le pays s'embrase alors sous la menée d'un petit noble pugnace, Bernard Audijos. Certes, la révolte n'est pas dirigée contre Louis XIV - ce qui serait crime de lèse-majesté - mais contre ses " gabeleurs " considérés comme iniques et rapaces. L'affrontement, fait d'embuscades meurtrières pour les dragons du roi, durera plus de dix ans. Ce soulèvement exemplaire reflète bien l'histoire d'un profond malentendu, l'histoire de deux cultures qui se côtoient en s'ignorant : celle des hommes du roi, agents de la volonté centralisatrice de la haute administration monarchique, et celle des populations attachées à leurs traditions et refusant le joug fiscal.
La gabelle était inégalement répartie dans le royaume, certaines provinces fortement taxées, "pays de grande gabelle", et d'autres peu taxées ou exemptées de l'impôt, c'était le cas de la Gascogne.
Colbert avait souhaité réformé la gabelle.